Mis à jour le 02/09/2023

La présence du plastique PET dans la fabrication de nombreux emballages alimentaires, mais aussi de jouets et de fibres textiles, suscite de plus en plus d’interrogations quant à ses répercussions sur la santé et l’environnement. Le plastique PET s’effrite et se disperse, dégageant des microplastiques dans les aliments et les boissons que nous consommons. Si, pour une utilisation appropriée la migration respecte les normes en vigueur, il est important de connaître les différents facteurs qui accentuent fortement ce phénomène.

1. Utilisation courante du plastique PET

En raison de ses propriétés de transparence, de légèreté et de résistance, le plastique PET est utilisé dans de nombreux objets et produits du quotidien. Il porte le sigle N°1 (voir ci-dessous)

Utilisation dans l’alimentation et la cuisine : bouteilles d’eau, de soda, de jus de fruits, d’huiles végétales ; emballages de produits alimentaires, barquettes, films alimentaires, sacs de cuisson (riz…), sacs congélations, sacs jetables, tupperwares…

Usage cosmétique et de beauté : flacons de gels douche, shampoings, lotions, crèmes, huiles cosmétiques, produits de maquillages, zéro déchet en polyester…

Dans la mode et les textiles : fibres polyester et polyester recyclé, vêtements, couverture, literie, montres, sacs…

Dans les produits d’entretien : flacons de produits ménagers, de produits chimiques, de lessive…

Dans les fournitures scolaires et de bureau : marqueurs, chemises à élastiques, couvertures de classeurs, protège-documents transparents, pochettes transparentes, intercalaires…

Dans les jouets pour enfants : rembourrages de peluches, poupées et doudous en plastique PET recyclé ou non, tissu polyester…

La migration de microplastiques en provenance du plastique PET est documentée et la réglementation la limite à 60mg/kg. [1] Si pour chaque produit et dans des conditions d’utilisation appropriées, la migration est inférieure aux normes, il est important de connaître les différents facteurs qui accentuent la libération de microplastiques. Une étude de 2020 a permis de constater que des microplastiques pouvaient s’introduire à l’intérieur même des placentas de femmes enceintes. Les chercheurs nous expliquent que les agents atmosphériques, tels que les ondes, l’abrasion, le rayonnement ultraviolet et la photo-oxydation, associés à des bactéries, dégradent les fragments de plastique en particules micro et nanométriques, leur permettant de s’infiltrer profondément dans nos corps. [6] Afin de réduire cette migration, il est essentiel d’éviter d’exposer les objets en plastique à certaines conditions, voyons lesquelles.

2. Facteurs influents sur la migration des microplastiques

La migration dépend de la qualité des composants, des conditions de fabrication (notamment des impuretés), de stockage et de transport (en tenant compte de la durée, de la température et de l’exposition solaire) et des conditions d’utilisation du consommateur. Voici les facteurs qui libèrent davantage de microplastiques à l’intérieur du contenant et dans notre environnement :

L’exposition solaire affecte la migration et/ou la génération du formaldéhyde. [1] Il est souhaitable de ne pas consommer un produit qui est rester dans un contenant en plastique PET au soleil, comme par exemple une bouteille d’eau ou de soda qui aurait été laissé sur une table au soleil ou dans une voiture.

La température influence fortement la migration de l’antimoine et l’acétaldéhyde, et dans une moindre mesure la migration de 2,4-di-tert-butylphénol et du formaldéhyde. [1]

  • L’exposition à une chaleur supérieure à 60°C : éviter de chauffer au micro-ondes des aliments dans un contenant en plastique PET, éviter également de transvaser des plats chauds dans des contenants en plastique PET ou dans des sacs alimentaires (congélation ou nourriture à emporter). [1]
  • Le contact avec le froid : le froid présent dans les congélateurs accélère la migration des microplastiques, notamment en cas d’utilisation de sacs de congélation, de bacs de glaces desserts, de bacs à glaçons. Opter pour des bacs à glaçons en silicone platine.

Le gaz carbonique présent dans les boissons gazeuses comme l’eau gazeuse ou la limonade, favorise la migration de l’antimoine, du formaldéhyde et de l’acétaldéhyde, et dans une moindre mesure celle du 2,4-di-tert-butylphénol. Toutefois, la minéralisation de l’eau peut freiner dans certaines conditions (température d’exposition inférieure à 50°C) la migration du formaldéhyde et de l’acétaldéhyde. [1]

Les substances grasses : le gras d’une huile, d’une viande, d’une sauce, d’un fromage, etc,  va accentue la libération de microplastiques. Très souvent les restes de plats sont gras, les transvaser dans un tupperwares en plastique PET, les protéger avec des films alimentaires ou les conserver dans des sacs congélation va accentuer la présence de plastique dans les aliments. [1]

La durée : le temps entre en compte pour déterminer la quantité de particules qui se détacheront de l’objet en plastique PET. Plus le temps de contact sera long, plus la quantité de microplastiques relarguée sera importante.

La réutilisation : Les emballages alimentaires en plastique PET ne sont pas conçus pour être réutilisés, ils sont censés être jetés après une première utilisation.

Chocs, usure et vieillissement : le plastique PET réagit très mal au vieillissement, mais aussi aux chocs. Dès qu’il est abimé, il libère davantage de microplastiques, il est primordiale de ne pas réutiliser une bouteille d’eau abimée, un film plastique déjà utilisé, ou tout autre emballages en plastique PET. Pour la réutilisation il est préférable de sélectionner des contenants en plastiques LDPE (N°4) et le HDPE (N°2).

L’épaisseur du plastique : plus le plastique sera fin plus sa fragilité sera accentuée. Les additifs en surface du plastique migreront plus facilement. Pour la réutilisation d’une bouteille en plastique, il est préférable de choisir une marque dont le plastique est plus épais.

Mâchouillage : les stylos en plastique PET sont à éviter lorsque nous les confions à des enfants ou si adulte nous continuons à mettre nos stylos à la bouche.

En résumé, la migration du plastique PET est accentué par le GRAS, la CHALEUR, le FROID et l’USURE.

Une utilisation soigneuse de ce plastique peut faire la différence. Toutefois, pour un usage continu, les contenants en verre transparent sont préférable. Il est important de noter que le verre teinté peut, à terme, libérer du plomb.

3. Le plastique PET recyclé

Un problème supplémentaire se pose lorsqu’il s’agit de plastique PET recyclé, notamment lorsque celui-ci a précédemment servi à contenir des pesticides, du gazole, de l’essence, des produits ménagers, des diluants ou des solvants. Ce problème est lié aux processus de désinfection qui ne permettent pas toujours d’éliminer complètement les résidus, et qui emploient des substances toxiques comme des détergents ou de la soude. Malheureusement, à l’heure actuelle, du fait qu’il est difficile de connaître l’usage précédent du plastique recyclé, il est préférable de l’éviter pour les contenants de produits alimentaires et cosmétiques, pour les fibres textiles et pour les jouets. De plus, les plastiques PET recyclés peuvent être plus fragiles, ce qui peut accentuer la migration de composants. Toutefois, un plastique PET fabriqué à partir de 100 % de matériaux recyclés est potentiellement plus problématique qu’un plastique PET qui ne contient que 5 % de plastique recyclé et 95% de plastique vierge. [5] Un plastique PET 100% recyclé peut être utilisé pour des usages autres que l’alimentation, les produits cosmétiques et les jouets.

4. Composition du plastique PET et les NIAS : les Substances Non Intentionnellement Ajoutées

Tous les plastiques PET ne se ressemblent pas, chaque fabricant compose son propre plastique en incorporant différents composants au choix parmi plus de 100 substances distinctes. D’après l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité), les risques liés aux additifs posent particulièrement problème, surtout pour les travailleurs. [3] Les stabilisants, plastifiants, antioxydants, colorants, pigments, lubrifiants, impuretés, ainsi que les néoformés issus de la dégradation, utilisés pour conférer des propriétés spécifiques au produit final, ne sont pas intégrés dans la chaîne polymérique par des liaisons fortes, ce qui augmente leur risque de migration. [1]

Voici une liste non exhaustive des éléments qui entrent dans la composition du plastique PET :

  • Monomère : BHET (bis-2-(hydroxyéthyle)téréphtalate)…
  • Comonomères : ces éléments ajoutent des propriétés spécifiques au plastique => diéthylène glycol (DEG), éthylène glycol, acide isophtalique, 1,3-propanodiol, 1,4-butanodiol, acide dicarboxylique naphtalène, cyclohexanedimethanol…
  • Oligomères : chlorure du benzoyle…
  • Catalyseurs : ils accélèrent la polymérisation => trioxyde d’antimoine, germanium, titane, aluminium, zéolites, acétate, glycoxide d’antimoine…Trioxyde d’antimoine : « Principalement absorbé par voie pulmonaire et, très faiblement, par voie digestive. Il est largement distribué dans l’organisme puis lentement éliminé, essentiellement dans les selles et plus faiblement dans l’urine. Chez la femme, il existe un passage transplacentaire et dans le lait maternel. Susceptible de provoquer le cancer ».[3] La présence de traces d’antimoine dans les bouteilles en PET est bien connue et a été largement étudiée (Nishiokaet 2002; Westerhoffet 2008; Kereszteset 2009). [1] [4]
  • Additifs : anthranilamide, diphényles polybromés, fibres de verres…
    • Diphényles polybromés : « Dangereux notamment par ingestion et contact cutané.». [3]
    • Fibres de verre : « Danger d’irritation de la peau et des voies respiratoires, notamment au moment de leur incorporation dans les résines.» [3]
  • Pigment bleu des bouteilles d’eau : phtalocyanine de cuivre… [1]
  • Stabilisants UV : nanoparticules de nitrure de titane, nickel, amines, 2-hydroxybenzophénones, benzophénone, Oxybenzone, 2-hydroxyphenylbenzotriazoles, 2-Ethylhexylsalycilate, 2-Ethylhexyl-p-methoxycinnamate… [1]
  • Antioxydant : empêche le plastique de vieillir prématurément => 2,6-Di-tert-butyl-p-crésol (BHT) et ses sous-produit de dégradation : 3,5-Di-tert-butyl-4-hydroxybenzaldéhyde (BHT-CHO), Irganox-425 et Irgafos et leurs sous-produits de dégradation : 4-Nonylphénol (NP), 2,4-Di-tert-butylphénol, 2,6-Di-tert-butyl-benzoquinone, 7,9-Di-tert-butyl-1-oxaspiro (4,5) deca-6,9-diene-2,8-dioneMethyl-3-(3,5)-di-tert-4-, hydroxyphenylpropionate…
  • Plastifiant : assouplit le plastique => phtalate de diéthyle (DEP), phtalate de disobutyle (DiBP), phtalate de butyle (DBP), phtalate de di-2-éthylhexyle (DEHP), adipate de di-2-éthylhexyle (DEHA)…
  • Lubrifiant : Érucamide…
  • Alkylphénols : 4-nonylphénol et BPA
  • Composés carbonylés : acétaldéhyde, formaldéhyde…
  • Métaux : antimoine, cobalt, cuivre…
  • Sous-produit des encres d’impression : Ethyl-4-ethoxybenzoate
  • Sous-produits de polymérisation ou impuretés : isophtalaldéhyde, Isopropylbenzène, styrène, ortho-, meta-, para-xylène…
  • Composés volatils : xylène, isopropyl-benzène, styrène…

La réglementation N°10/2011 établit l’impossibilité de prendre en compte et de lister toutes les molécules contenu dans le plastique PET, d’autant plus que beaucoup d’entre elles restent encore à identifier.

Le plastique PET contient également des NIAS, ce sont les Substances Non Intentionnellement Ajoutées (Non-Intentionally Added Substances). Elles peuvent avoir plusieurs provenance comme :

  • Des impuretés des monomères ;
  • Des contaminations pendant le processus de fabrication ;
  • Des agents de désinfection ;
  • Des composants des bouchons ;
  • Des produits issus de la dégradation des additifs ;
  • Des polluants provenant du PET recyclé ;
  • Des produits résultant de réactions ou de dégradations dues à la lumière, à la température, à l’oxydation, à l’hydrolyse ou à des réactions chimiques entre ces éléments.

À l’heure actuelle, une lacune persiste concernant la compréhension des mécanismes de ces dégradations. [1]

Dans ce contexte, la recherche continue de jouer un rôle crucial. La compréhension des mécanismes de dégradation, l’identification des NIAS, le développement d’alternatives durables et la sensibilisation du public aux bonnes pratiques d’utilisation sont autant de démarches qui contribuent à une diminution de la pollution liée au plastique PET.

Sources

[1] Cristina BACH CAMPA (2011) Évaluation de la migration des constituants de l’emballage en polyéthylène téréphtalate (PET) vers l’eau, des facteurs d’influence et du potentiel toxique des migrats. Thèse de Doctorat « Science des Matériaux », Institut National Polytechnique de Lorraine Institut Jean Lamour. <https://theses.hal.science/tel-01749435v2/document>

[2] Pierre-Yves PENNARUN (2001) Migration à partir de bouteilles en PET recyclé. Élaboration et validation d’un modèle applicable aux barrières fonctionnelles. Thèse de Doctorat, Université de Reims Champagne-Ardenne U.F.R. Sciences Exactes et Naturelles. Disponible sur : <https://theses.hal.science/tel-00010957/document>

[3] INRS Santé et Sécurité au travail, Fiche technique Polyéthylène téréphtalate PET, édition : octobre 2017. Disponible sur : <https://www.inrs.fr/publications/bdd/plastiques/polymere.html?refINRS=PLASTIQUES_polymere_15>

[4] INRS Santé et Sécurité au travail, Fiche toxicologique n° 198, Trioxyde de diantimoine, édition : juin 2017. Disponible sur : <https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_198&>

[5] EFSA European Food Safety Authority, Avis scientifique sur les critères à utiliser pour l’évaluation de la sécurité d’un procédé de recyclage mécanique pour produire du PET recyclé destiné à être utilisé pour la fabrication de matériaux et d’articles en contact avec des denrées alimentaires, 20 juillet 2011. Disponible sur : <https://efsa.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.2903/j.efsa.2011.2184>

[6] Une étude italienne menée par le Dr. Antonio Ragusa, Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta, Environment International, Volume 146, 2021, 106274, ISSN 0160-4120. Disponible sur : <https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.106274> (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412020322297)

Pour aller plus loin :

Louis St-Laurent, Marc Rhainds. Les phtalates : état des connaissances sur la toxicité et l’exposition de la population générale, INSPQ (Institut national de santé publique du Québec), Communiqué de veille toxicologique, 2004. Disponible sur : <https://www.inspq.qc.ca/publications/252>

INRS Santé et Sécurité au travail, Produits de dégradation thermique des matières plastiques, 1999. Disponible sur : <https://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ND%202097>

Autre article sur la thématique du plastique :

Découverte de microplastiques dans des placentas humains

Découverte de microplastiques dans des placentas humains

Une étude italienne menée par le Dr. Antonio Ragusa, publiée en décembre 2020, a révélé la présence de microplastiques dans les placentas de 4 femmes enceintes parmi les 6 volontaires.