Mis à jour le 23 septembre 2023

Les équinoxes sont des moments particuliers de l’année où les durées de la nuit et du jour sont identiques. A l’opposé des solstices qui marquent les points extrêmes de la durée de lumière dans une journée, les équinoxes sont des moments neutres. Ces phénomènes marquent la transition entre les saisons et sont souvent célébrés à travers le monde.

Cette année l’équinoxe a lieu samedi 23 septembre 2023 à 8h49.

Que se passe-t-il pendant l’équinoxe ?

Le terme équinoxe provient du latin æquinoctium, où æequs signifie égal et nox la nuit. L’équinoxe d’automne marque l’instant où le soleil traverse le plan de l’Équateur, illuminant de manière équivalente les deux hémisphères de la Terre. Cet événement survient entre le 20 et le 23 septembre, en fonction de l’année, dans l’hémisphère Nord. Pour l’hémisphère Sud, il coïncide avec l’équinoxe de Printemps. La date varie d’une année à l’autre car la Terre accomplit sa révolution autour du soleil en 365 jours, 5 heures et 46 minutes, plutôt que précisément 365 jours.

Selon l’Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides, qui est hébergé par l’Observatoire de Paris depuis 1998 [1], voici les dates et heures des équinoxes depuis 2020 :

  • En 2021, l’équinoxe a eu lieu le mercredi 22 septembre à 21h21 et 3 secondes (19h21 en temps universel).
  • En 2020, elle a eu lieu le mardi 22 septembre à 15h30 et 38 secondes (13h30 en temps universel).
  • En 2023, elle aura lieu le 23 septembre à 8h49 (6h49 en temps universel).
  • En 2024, elle aura lieu le 23 septembre à 14h43 (12h43 en temps universel).
  • En 2025, elle aura lieu le 22 septembre à 20h19 (18h19 en temps universel).
Équinoxe de printemps et d'automne - Le Sentier Géobio

Schéma explicatif des équinoxes et des saisons sur notre planète. © Wikimedia Commons, DP 

Pourquoi change-t-on de saison ?

Le cycle des saisons est lié à l’inclinaison de la Terre par rapport à son orbite autour du Soleil. L’axe de rotation de notre planète est incliné d’environ 23,4 degrés par rapport à son plan orbital. Au fur et à mesure que la Terre avance sur son orbite, l’angle d’inclinaison change, modifiant progressivement la quantité de lumière solaire reçue, créant ainsi une variation des températures et des conditions météorologiques. Selon notre situation géographique, cette variation et plus ou moins intense, influençant de manière significative notre environnement et notre façon de vivre.

Au moment de l’équinoxe d’automne, l’inclinaison de la Terre provoque une distribution égale de la lumière solaire sur les deux hémisphères. C’est pourquoi la durée du jour est sensiblement égale à la durée de la nuit.

La nature en automne, préparatif pour le repos hivernal

En automne, la nature entame doucement sa transition vers une période de sommeil hivernal. La frénésie de l’été prend fin pour laisser place au repos profond de l’autonome. Certains fruits jusqu’ici indissociables de leur enveloppe, atteignent leur maturité, l’enveloppe s’ouvre enfin prête à libérer la noix. Les petits animaux s’activent pour constituer leurs réserves pour l’hiver. Les feuilles deviennent jaunes, oranges, rouges, se détachent puis recouvrent le sol, se métamorphosant pendant l’hiver, en un humus fertile pour la prochaine saison printanière.

De l’équinoxe jusqu’à la fin d’octobre, les arbres entrent dans un état de transition connu sous le nom de paradormance. La croissance ralentit, pour finalement s’arrêter complètement pendant l’hiver lorsqu’ils entrent en état de dormance. L’énergie solaire emmagasinée pendant l’été sera mobilisée au printemps pour favoriser la croissance des nouvelles pousses.

Traditions et coutumes liées à l’équinoxe d’automne

L’équinoxe d’automne est célébré de différente manières à travers le monde. Voici un aperçu des festivités et des rituels observés par différentes communautés.

LES DRUIDES :  La Fête Druidique de l’équinoxe d’automne revêt divers noms tels que la Fête des Moissons, Mabon (nom inventé par Aidan Kelly dans les années 70 en référence à Mabon ap Modron [3] Voir plus bas), Alban Elfed (terme inventé par Iolo Morgannwg et qui signifie « La Lumière de l’Eau »), ou encore Foghar, Harvest Home, 2nd Harvest, Fruit Harvest, Wine Harvest ou bien Tiocobrixtio (les remerciements)*. Cette fête marque la fin des récoltes, et l’abondance des réserves pour la saison froide. C’est un moment de remerciement envers la nature pour tous ses dons. Cette période étant dominée par l’élément Terre, la forêt, les esprits de la Terre, et plus spécifiquement le Chêne sont mis à l’honneur.

Il était coutume de conserver la dernière gerbe coupée de la récolte afin de façonner avec les grains une poupée que l’on nommait la Mère du blé, la Reine des récoltes ou Cailleac, qui signifie « vieille femme en gaélique. Cette poupée de grains était remise au fermier qui avait eu la plus faible récolte afin qu’elle lui porte bonheur [5].

*Le calendrier druidique se compose de 8 fêtes : Samonios (la récapitulation de l’été), Genimalacta (la grande naissance) ; Ambivolcios (la lustration) ; Satios (les semailles) ; Belotennia (les feux de Bel) ; Mediosamonios (le milieu de l’été) ; Lugunaissatis (les noces de Lugus) et Tiocobrixtio (les remerciements) [6].

LES MAYAS : Les anciens Mayas avaient une compréhension profonde de l’astronomie et de l’architecture. Ils ont inscrit leur connaissance des équinoxes dans leurs constructions monumentales. Comme pour la Pyramide de Kukulcan à Chich’en Itza, située au Mexique,qui dévoile un phénomène unique lors des deux équinoxes. L’ombre projetée par les angles de la pyramide prend la forme d’un serpent qui semble ramper le long des marches de pierre. Cela témoigne de la maîtrise des Mayas dans l’art de fusionner l’astronomie, l’architecture et la spiritualité dans leur culture riche et complexe.

Pyramide de Kukulcan à Chich en Itza au Mexique

EN GRÈCE ANCIENNE : Pendant l’équinoxe d’automne, les Grecs anciens se rassemblaient pour célébrer Déméter, déesse de l’agriculture et des moissons. Ces festivités revêtaient une grande importance car elles marquaient la fin des récoltes et la période où la terre, après avoir généreusement donné ses fruits, entrait dans un repos mérité. Au cœur de ces célébrations se trouvaient des processions solennelles, des offrandes abondantes et des rites spéciaux. Ils étaient conçus pour exprimer la gratitude envers la terre nourricière qui avait fourni en abondance tout au long de la saison de croissance. Cette période était également étroitement associée aux mystères d’Eleusis, des rituels initiatiques et spirituels d’une grande importance dans la religion grecque antique. Ces mystères étaient dédiés à Déméter et à sa fille Perséphone. Le mythe de Perséphone, enlevée par Hadès pour devenir la reine des Enfers, était au cœur de ces mystères (Voir plus bas). Il symbolisait le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance, et renvoyait à l’idée profonde de la proximité entre le monde des morts et celui des vivants, un thème central dans la cosmologie grecque.

LES BOUDDHISTES :  L’équinoxe d’automne est une fête religieuse appelée « Shuki Koreisai », signifiant « Commémoration automnale des esprits impériaux ». L’équilibre parfait entre le jour et la nuit est considéré par les bouddhistes comme un instant où la frontière entre le monde physique et le monde spirituel, le monde des morts, est à son plus mince. De ce fait, c’est un jour pour honorer les ancêtres et les proches défunts, ainsi que la famille impériale. Ce phénomène, où le voile entre les deux mondes s’amincit, a également lieu lors de l’ « Obon », la fête des âmes. À l’inverse, ce sont les défunts qui viennent dans le monde physique veiller sur leurs proches. Alors que pendant l’équinoxe d’automne, c’est aux vivants d’aider les défunts en leur envoyant des prières. »[4]

LES JAPONAIS : Au Japon, l’équinoxe d’automne est un jour férié national. Cette célébration s’étend sur 7 jours : 3 jours avant et 3 jours après l’équinoxe, cette période connue sous le nom de « Aki Higan » partage des coutumes et des rites similaires à ceux observé pendant les 7 jours entourant l’équinoxe de printemps appelé « Haru Higan » [8]. Après la seconde guerre mondiale, la religion fut séparée de l’état, et le gouvernement retira la connotation religieuse des jours fériés. Le « Shuki Koreisai » est devenu une fête laïque renommé « Shuubun no hi » qui se traduit par « Jour de l’Équinoxe d’Automne ».

Amaryllis japonaise - Photo prise par Pharaoh_EZYPT

C’est un moment où les familles se rassemblent pour honorer leurs ancêtres. Beaucoup visitent les tombes familiales pour offrir des prières et nettoyer les sépultures. Traditionnellement, il y a une coutume appelée « hoki » où l’on enlève les mauvaises herbes des tombes et de leurs environs. Certains temples et sanctuaires organisent des événements et des cérémonies spéciales en l’honneur de l’équinoxe d’automne. 

C’est aussi un moment de partage et de festin, où les mets de saison sont dégustés en famille. Beaucoup de gens profitent de ce jour férié pour passer du temps à l’extérieur, que ce soit pour des pique-niques, des promenades, et plus particulièrement pour aller observer la floraison de la belle amaryllis du Japon, une fleur rouge magnifique. [4]

LES LITUANIENS : À l’occasion de l’equinoxe d’automne, il est coutume d’organiser des marchés mettant en vente les produits de la dernière récolte, ainsi que des spectacles de feu. À la tombée de la nuit, de nombreuses bougies illuminent les lieux et des sculptures de paille sont enflammées. Le spectable le plus impressionnant se déroule à Vilnius, sur le front de la mer Neris. Ce jour là, on célèbre également la Journée de l’Unité Balte, en lien avec la bataille de Saulé, où en 1236, les forces unies des tribus baltes ont vaincu les frères livoniens [7].

LES CHRÉTIENS : Après la christianisation des anciens cultes païens, les 4 dates des solstices et des équinoxes sont devenus Noël, Pacques, la Saint-Jean et la Saint-Michel. L’archange Saint-Michel ou Saint-Michaël, occupe une place significative dans la tradition chrétienne. Il est représenté comme un saint guerrier, symbolisant les forces de l’équilibre, de la justice et du discernement (voir plus bas). Le culte de Saint-Michel était initialement associé à l’équinoxe de printemps, il a été déplacée au 29 septembre, lors du concile de Mayence en 813.

L’équinoxe d’automne transcende les frontières et les cultures, et se retrouve dans les traditions de nombreuses civilisations. Que ce soit par les festivités célébrant les récoltes abondantes ou les rites honorant les ancêtres, cette période de l’année est riche en symboles et en significations. À travers ces diverses célébrations, il nous rappelle l’importance de la gratitude envers la terre qui nous nourrit.

Légendes et mythes liés à l’équinoxe d’automne

L’équinoxe d’automne, porteur d’une symbolique profonde et universelle, a inspiré un grand nombre de légendes à travers les âges. En voici quelques-unes :

LA LÉGENDE DE MABON : Dans la mythologie galoise, Mabon incarne la fertilité masculine et la lumière. Il est le fils divin de Modron, la déesse-mère et de Gwynn ap Nudd, le dieu chasseur. Trois jours après sa naissance, il est enlevé par le Druide Gwrhyr et conduit vers l’Annwvyn, l’autre monde des Galois. Cette absence plongea la Terre dans une obscurité profonde, symbolisant l’équinoxe d’automne, période où les ténèbres prédominent. Grâce à l’intervention de Kulhwch, le cousin et chevalier du roi Arthur, Mabon fut libéré et ramené sur Terre. Ce retour marqua le renouveau de la lumière, symbolisant léquinoxe du printemps. [2][9]

LA LÉGENDE DE PERSÉPHONE :  Un mythe grec nous conte l’histoire de Perséphone, fille de Déméter, déesse de l’agriculture, de la nature et de la fertilité. Perséphone fut enlevée par Hadès, le sombre souverain des Enfers, tombé éperdument amoureux d’elle. La douleur de la perte de sa fille plongea Déméter dans une profonde tristesse, et son chagrin se refléta sur la terre elle-même, qui se mit à flétrir. Dans un élan désespéré, Déméter se lança à la recherche de Perséphone, envoyant Hermès, le messager des dieux, pour la ramener parmi les vivants. Hélas, à l’arrivée d’Hermès, Perséphone avait déjà goûté à 7 grains de grenade, emblème des Enfers. Cette dégustation la liait désormais au monde souterrain, et il lui fut impossible de remonter totalement à la surface. Un accord fut néanmoins conclu grâce à l’intercession d’Hermès : Perséphone passerait six mois par an aux côtés de sa mère sur Terre, tandis que les six mois suivants seraient dévolus à son époux Hadès dans les profondeurs infernales. Ainsi se perpétua ce cycle, marqué par l’équinoxe d’automne, moment où Perséphone regagnait les Enfers pour la moitié de l’année. Durant les six mois d’absence de Perséphone, la terre se couvrait de deuil. Aucune pousse ne germait, et Déméter, dans sa douleur, présidait à un monde stérile. Cependant, à chaque retour de Perséphone, la joie et la vie revenaient, répandant l’abondance sur la terre, en une célébration de la réunion mère-fille. Ainsi se perpétue, éternellement, le cycle de la vie et de la mort, équilibrant les saisons et les mondes.

LA LÉGENDE DE CARPO :  Une autre légende associé à la mythologie grecque est celle de Carpo, la déesse des Heures qui règne sur l’automne. Fille de Zeus et de Thémis, elle est celle qui métamorphose la nature en un spectacle éblouissant de rouges et d’ocres. Sous son égide, les jours raccourcissent, la nature s’apaise doucement, et le froid s’installe. Carpo veille sur les récoltes, protégeant les fruits du dur labeur des agriculteurs. C’est elle qui favorise l’essor de la vigne, permettant floraison et fructification. Aux côtés de son compagnon Dionysos, le dieu de la vigne et du vin, ils célèbrent l’abondance et la transformation du règne végétal.

LA LÉGENDE DE SAINT-MICHEL : Saint-Michel, l’archange guerrier, occupe une place importante lors de l’équinoxe d’automne. Il est souvent représenté terrassant un dragon, symbolisant ainsi la victoire du bien sur le mal. Cette iconographie évoque la lutte perpétuelle entre les forces de la lumière et de l’obscurité. Outre son rôle de guerrier, Saint-Michel est également considéré comme le guide des âmes défuntes. Selon la tradition, il les accompagne vers un lieu de jugement divin, où leurs actions sont pesées et évaluées lors du Jugement Dernier. Cette période de l’année, marquée par l’équinoxe d’automne, est ainsi intimement liée au culte des morts et à la réflexion sur la vie après la mort.

LE MYTHE DE LA BALANCE : En astrologie, l’équinoxe d’automne marque le début du signe de la Balance. L’équilibre entre le jour et la nuit reflète parfaitement les symboles de la Balance : équilibre, justice et harmonie. La Balance incarne l’idée de peser le pour et le contre, d’évaluer avec équité les différentes facettes de nos vies. Cette introspection permet de discerner les aspects de notre existence qui nécessitent des changements pour vivre en accord avec nos valeurs et aspirations les plus profondes. Le but ultime est de trouver un équilibre intérieur et extérieur qui favorise une vie épanouissante et significative.

Le cycle des saisons nous rappelle que le vivant est en perpétuelle transformation. L’équinoxe d’automne faisant écho à celui du printemps. Après les semences et l’abondance, c’est le moment des récoltes et des réserves. La résurrection de la nature prend fin, c’est un moment de remerciement et de bénédiction. La nature va commençait à s’éteindre, nous ramenant au culte des morts. C’est une période qui marque la transition entre la saison chaude et la saison fraîche, la lumière et l’obscurité, l’épanouissement et le repos hivernal. Nous entrons dans un nouveau cycle, plus silencieux, nous invitant à ralentir et à trouver refuge chez soi. Après la culture de notre extérieur, il est temps de s’occuper de notre intérieur.

Sources

[1] L’internaute, « Equinoxe d’automne 2023 : pourquoi ce n’est pas ce 21 septembre, à quelle date tombe-t-il ? », mis à jour le 21 Septembre 2023 <https://www.linternaute.com/actualite/guide-vie-quotidienne/1245592-equinoxe-d-automne-2020-comprendre-le-phenomene-astronomique-en-cinq-minutes/>

[2] « Mabon » sur Wikipédia <https://fr.wikipedia.org/wiki/Mabon>

[3] Blog Midgard-France, « Happy Mabon », publié le 22 septembre 2016 par Druide-Harbna <https://midgardfrance.wordpress.com/category/histoire/>

[4] Blog de Courrier international, «  »Shuubun no hi » : la célébration de l’équinoxe d’automne au Japon », écrit par Amélie-Marie Nishizawa, publié en 2020. <https://blog.courrierinternational.com/conversations-avec-le-japon/2020/09/17/shuubun-no-hi-la-celebration-de-lequinoxe-dautomne-au-japon/>

[5] Druides OTHA – Druidisme en Forêt d’Othe, « Tiocobrixtio dit aussi Alban elfed, Maban » <https://www.druides-otha.fr/tiocobrixtio-dit-aussi-alban-elfed-mabon/>

[6] Article paru dans L’Hebdo de Sèvre & Maine « Druide au XXIe siècle : qu’est-ce que c’est ? » par Hervé Pavageau, publié le 22 décembre 2014. Interview avec Frédéric Leseur, druide Arouez <https://actu.fr/pays-de-la-loire/clisson_44043/druide-au-xxie-siecle-quest-ce-que-cest_9001430.html>

[7] Made in Vilnius « Equinoxe d’automne « Lituanie – une ceinture de cent lettres » par Evaldas Chinga, publié en 2018. <https://madeinvilnius.lt/pramogos/renginiai/rudens-lygiadienis-lietuvai-simtaraste-juosta/>

[8] Blog Nipon.com Votre portail sur le Japon « Fêtes, célébrations, rites, us et coutumes liés au calendrier japonais » publié le 5 janvier 2015. <https://www.nippon.com/fr/features/h10010/?pnum=3>

[9] « Mabon ap Modron » sur Wikipédia <https://fr.wikipedia.org/wiki/Mabon_ap_Modron>

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