Mis à jour le 02/09/2023

Une étude italienne menée par le Dr. Antonio Ragusa en 2020 a révélé la présence de microplastique dans les placentas humains. Cet organe crucial assure la survie et la croissance des fœtus. Cette découverte nous informe que nous nous plastifions, et cela soulève des questions fondamentales sur les conséquences potentielles pour la santé des nouveau-nés et des générations futures.
En qualité de gynécologue obstétricien, le Dr. Antonio Ragusa chef du service d’obstétrique et directeur de l’hôpital d’obstétrique et de gynécologie de l’Uoc Fatebenefratelli à Rome1 a commenté cette découverte en expliquant que : « Si vous trouvez quelque chose dans le placenta, cela signifie que vous trouvez quelque chose dans le bébé. [..] C’est comme avoir un bébé cyborg qui n’est plus uniquement formé de cellules humaines mais d’un mélange d’entités biologiques et non-organiques »3
Une surprenante découverte : des microplastiques dans les placentas humains
L’étude n’a analysé que 4 % de chaque placenta humain, ce qui suggère que le nombre total de microplastiques pourrait être bien plus élevé. Dans 4 des 6 placentas examinés, les chercheurs ont identifié la présence de microplastiques dans toutes les parties placentaires, incluant les membranes maternelles, fœtales et amniochorales.
Au total, 12 fragments microplastiques d’une taille allant de 5 à 10 micromètres (soit entre 0,005 et 0,01 millimètre, une taille permettant le passage dans les vaisseaux sanguins) ont été découverts. Ces fragments présentent des formes sphériques ou irrégulières et sont pigmentés en bleu, rouge, orange ou rose.
Parmi ces fragments, 3 ont été identifiés comme étant du polypropylène teinté et un polymère thermoplastique, tandis que les pigments des 9 autres fragments ont pu être identifiés comme étant utilisés dans des revêtements artificiels, des peintures, des adhésifs, des enduits, des peintures pour enfants, des polymères, ainsi que des produits cosmétiques et de soins personnels..1
Ces résultats laissent penser que les microplastiques ont probablement été ingérés par l’organisme des femmes enceintes, soit par le biais de leur alimentation, de leurs boissons, ou par inhalation.3 Toutefois, malgré la présence de microplastique, les grossesses se sont déroulées normalement et les bébés sont nés en bonne santé.

Une étude italienne menée par le Dr. Antonio Ragusa, Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta, Environment International, Volume 146, 2021, 106274, ISSN 0160-4120. Disponible sur : https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.106274
Le placenta : un organe clé pour la vie intra-utérine
Le placenta, organe crucial qui relie l’embryon à la paroi utérine, joue un rôle essentiel dans le développement du fœtus. Il fournit eau, nutriments et oxygène au bébé, évacue le dioxyde de carbone et les déchets, et sécrète des hormones maintenant la grossesse et ajustant la physiologie maternelle au fœtus.5
Afin d’éviter toute contamination des placentas lors des accouchements, les chercheurs ont adopté un protocole d’accouchement sans plastique, utilisant des gants et des serviettes en coton.2
Les incertitudes concernant les conséquences des microplastiques
Les conséquences exactes de la présence de microplastiques dans les placentas humains restent à déterminer, mais les scientifiques insistent sur l’urgence d’évaluer les risques, en particulier pour les nourrissons. La présence de ces microplastiques dans le placenta pourrait avoir des répercussions potentielles sur le système immunitaire, la génétique et entraîner une croissance fœtale réduite. Les auteurs de l’étude soulignent que des recherches supplémentaires doivent être menées pour évaluer si la présence de microplastiques peut déclencher des réponses immunitaires ou entraîner la libération de contaminants toxiques, pouvant entraîner des dommages. «Avec la présence de plastique dans le corps, le système immunitaire est perturbé et reconnaît ce qui n’est pas organique. Les particules pourraient affecter la façon dont les gènes de l’enfant sont exprimés, entraînant des changements de développement ».3
De plus, le Dr. Charles Kingsland, directeur clinique des cliniques de fertilité Care, a souligné que, bien que les scientifiques ne sachent pas encore comment les microplastiques présents dans le placenta affectent le fœtus, ils pourraient potentiellement empoisonner directement l’enfant à naître ou réduire son approvisionnement en oxygène, entraînant des risques de mort-né et de poids insuffisant à la naissance. Il a également ajouté : « Nous devons être beaucoup plus conscients des dommages potentiels que nous causons.»3
Bien que les bébés aient eu des naissances normales, Andrew Shennan, professeur d’obstétrique au King’s College de Londres, souligne qu’il est «évidemment préférable de ne pas avoir de corps étrangers pendant le développement du bébé».3
Une étude menée sur des rats et publiée le 24 octobre 2020 a révélé que des nanoparticules de plastique inhalées par des rats de laboratoire étaient détectées dans le foie, les poumons, le cœur, les reins et le cerveau de leurs fœtus.4
Alors que les effets à long terme restent à déterminer, il est primordial de limiter l’exposition aux microplastiques, notamment dans l’alimentation. En attendant de mieux comprendre les risques potentiels, la vigilance s’impose dans l’utilisation et la gestion du plastique. Les conditions de dégradations des microplastique doit être davantage connu du grand public afin de limiter un maximum la migration dans l’alimentation. Pour découvrir les bons gestes à adopter avec nos contenants en plastique, vous pouvez consulter « Le plastique PET : composition, risques et précautions«
Sources
1 Une étude italienne menée par le Dr. Antonio Ragusa, Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta, Environment International, Volume 146, 2021, 106274, ISSN 0160-4120. Disponible sur : https://doi.org/10.1016/j.envint.2020.106274 (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412020322297)
2 Damian Carrington, Microplastics revealed in the placentas of unborn babies, The Guardian, 2020. Disponible sur : https://www.theguardian.com/environment/2020/dec/22/microplastics-revealed-in-placentas-unborn-babies
3 Colin Fernandez, Microplastic particles in the womb: Women give birth to ‘cyborg babies’ no longer made up of just human cells as experts fear it could interfere with development, Daily Mail, 2020. Disponible sur : https://www.dailymail.co.uk/news/article-9069525/Women-birth-cyborg-babies-no-longer-just-human-cells.html
4 Sara B. Fournier, Nanopolystyrene translocation and fetal deposition after acute lung exposure during late-stage pregnancy, National Library of Medicine, PMC7585297, 2020. Disponible sur : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7585297/
5 Placenta sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Placenta
Le plastique PET : composition, risques et précautions
Les emballages en plastique PET dégagent des microplastiques dans les aliments et les boissons que nous consommons. Certaines conditions d’utilisation accentue la dégradation et donc la libération de microplastique. Quelles sont ces conditions ? Comment les éviter ?