Une étude italienne publiée en décembre 2020 et menée par le Dr Antonio Ragusa annonce la découverte de microplastiques dans le placenta de 4 femmes enceintes sur les 6 volontaires.
« Si vous trouvez quelque chose dans le placenta, cela signifie que vous trouvez quelque chose dans le bébé… »
« C’est comme avoir un bébé cyborg qui n’est plus uniquement formé de cellules humaines mais d’un mélange d’entités biologiques et non-organiques »[3]
Voilà ce qu’affirme le Dr Antonio Ragusa, gynécologue obstétricien, chef du service d’obstétrique et directeur de l’hôpital d’obstétrique et de gynécologie de l’Uoc Fatebenefratelli à Rome.[1]

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412020322297 (Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta)
Dans 4 placentas, les chercheurs ont trouvé des microplastiques dans toutes les parties placentaires (membranes maternelles, fœtales et amniochorales).
Au total 12 fragments microplastiques de 5 à 10 micromètres (soit 0,005 et 0,01 millimètre, taille qui permet le passage dans les vaisseaux sanguins), de forme sphérique ou irrégulière (5 côté fœtal, 4 côté maternel et 3 dans les membranes chorioamniotiques) et pigmentés (bleues, rouges, oranges ou roses)[1]
- 3 ont été identifiés comme étant du polypropylène teinté et un polymère thermoplastique
- Sur les 9 restants seul les pigments ont pu être identifié, ils étaient « tous utilisés pour les revêtements artificiels, les peintures, les adhésifs, les enduits, les peintures au doigt, les polymères et les cosmétiques et les produits de soins personnels. » a été analysé.
Dans cette étude, seulement 4% de chacun de 6 placentas humains ont été analysés*, cela suggère que le nombre total de microplastiques présents pourrait donc être beaucoup plus élevé. [1]
Les scientifiques pensent qu’ils ont été ingérés par la nourriture ou la boisson, ou par inhalation.[3]
Les grossesses se sont déroulées normalement et les bébés sont nés en bonne santé.
Le placenta
Organe qui connecte physiquement et biologiquement l’embryon à la paroi utérine.
Il apporte l’eau, les nutriments et le dioxygène au bébé.
Il évacue le dioxyde de carbone et les déchets.
Il produit et secrète des hormones qui maintiennent la grossesse et « manipulent » la physiologie maternelle au profit du fœtus.[5]
Protocole d’accouchement sans plastique
Pour accoucher les bébés, les chercheurs italien n’ont pas utilisé de plastique pour éviter toute contamination des placentas, les gants et serviettes étaient en coton.[2]
Des études pour comprendre les conséquences sont en cours
Les effets sur le corps restent inconnus et les scientifiques confirment qu’il est urgent d’évaluer les risques surtout pour les nourrissons.
“En raison du rôle crucial du placenta dans le soutien du développement du fœtus et en agissant comme une interface avec l’environnement externe, (…) des études supplémentaires doivent être effectuées pour évaluer si la présence de microplastiques peut déclencher des réponses immunitaires ou entraîner la libération de contaminants toxiques, entraînant des dommages” affirment les auteurs.
«Avec la présence de plastique dans le corps, le système immunitaire est perturbé et reconnaît ce qui n’est pas organique. Les particules pourraient affecter la façon dont les gènes de l’enfant sont exprimés, entraînant des changements de développement ».[3]
Les effets potentiels des microplastiques sur les fœtus comprennent une croissance fœtale réduite, ont-ils déclaré.[2]
Charles Kingsland, directeur clinique des cliniques de fertilité Care, a déclaré que si les scientifiques ne savaient pas comment les microplastiques dans le placenta affectaient le bébé à naître, ils pourraient potentiellement empoisonner l’enfant directement ou réduire son approvisionnement en oxygène, conduisant certains à être mort-nés et d’autres à avoir un poids insuffisant. Il ajoute « Nous devons être beaucoup plus conscients des dommages potentiels que nous causons. » [3]
Andrew Shennan, professeur d’obstétrique au King’s College de Londres, a déclaré qu’il était rassurant que les bébés de l’étude aient eu des naissances normales, mais «il est évidemment préférable de ne pas avoir de corps étrangers pendant le développement du bébé».[3]
Une étude sur des rats publiée le 24/10/2020 montre que des nanoparticules de plastique inhalées par des rats de laboratoire étaient détectées dans le foie, les poumons, le cœur, les reins et le cerveau de leurs fœtus.[4] Par principe de précaution et en attendant d’en savoir plus sur les effets sur la santé humaine, il est souhaitable de limiter un maximum la migration des micro-plastiques dans les aliments et boissons. Le plastique est sensible à la chaleur, au froid et au gras, pour en savoir plus, voici un article détaillé : Conseil pour limiter les micro-plastiques dans l’alimentaire.
*Analysé par Raman Microspectroscopy
Sources :
[1] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412020322297